Durant les interventions chirurgicales, nous utilisons des dispositifs médicaux sur les tissus, afin de provoquer par exemple l’hémostase ou la dissection, qui produisent de la chaleur. Ces dispositifs médicaux sont :
- Les unités d’électro chirurgie, qui vont de 100 à 350°C (pour en savoir plus : ici)
- Les lasers, qui vont de 100 à 1000°C
- Les dispositifs à ultrasons
- Les perceuses à grande vitesse, fraises et scies
La quantité et la composition des fumées dépend de plusieurs facteurs :
- Le type de tissu opéré (graisse, muscle, peau….)
- La technique chirurgicale
- Le type de dispositif utilisé
- La pathologie du tissu (tumeur, présence de virus….)
- Le type d’énergie transmise
- La quantité de coupe, de coagulation et d’ablation effectuée sur le tissu
Les chirurgies à forte génération de fumée sont :
- L’exposition
- La chirurgie mammaire
- Résection colique et intestinale
- Chirurgie orthopédique (articulation)
- Cancérologie
- Les procédures impliquant des maladies infectieuses
Composition de la fumée chirurgicale
- 95% d’eau
- Composés organiques : acétonitrile, acetylene, acroléine, acrylonitrile, alkylbenzèe, benzaldéhe, benzene, benzonitrile, butadiene, butane, 3-butène nitrile, monoxyde de carbone, 1-décène, 2,3 dihydroindène, ethane, ethène, ethylène, ethylbenne, formaldéhyde, furfural, acide, hexadécanoïque, cyanure d’hydrogène, indole, isobutène, méthane, 3-méthyl-buténal, 6-méthyl-indole, 4-méthyl-phénol, 2-méthyl-propanol, méthyl-prazine, phénol, propène, 2-propylène nitrile, pyridine, pyrrole, styrène, toluène, 1-undecène, xylène.
- Contenu des cellules pulvérisées : particules tissulaires, bactériennes et virales.
Les effets sur la santé
Les recherches sur les conséquences des fumées chirurgicales sont récentes. Cependant, des études ont déjà été publiées et montrent :
- Des irritations au niveau des yeux (larmoiement), du nez (lésions nasopharyngées) et de la gorge (éternuements)
- Des maux de tête
- Des étourdissements, fatigue ou encore somnolences
- Des maux d’estomac, des nausées allant jusqu’aux vomissements
- Une oppression thoracique avec une dyspnée, emphysème, asthme, bronchite
- Une sécheresse de la bouche
- Dermite, carcinome : lié à la mutagénicité des fumées
- Dysfonctionnement cardiovasculaire, hypoxie
- Anémie, leucémie, VIH, hépatite
Côté législation
En France :
- L’ordonnance sur les substances biologique de janvier 1999 : Tous les employés doivent être informés de manière approfondie sur les éventuels dangers et les mesures de protection.
- Directive communautaire sur les substances biologiques 2000 / 54 /CE du 18 septembre 2000 concernant la protection des travailleurs contre les risques liés à l’exposition à des agents biologiques au travail.
- Norme AFNOR EN 1946-4 en lien avec la ventilation et le conditionnement de l’air.
- SF2H a présenté un document sur la qualité de l’air au bloc opératoire (à télécharger ci-dessous) : Recommandation 32 : Il est recommandé d’utiliser des systèmes permettant de limiter le risque d’aérosolisation lors de la production de fumées chirurgicales. l (p25 : 9 ; p50 : 9)
Aux USA, depuis les années 80 :
- L’ANSI : American National Standard Institute
- Le NIOSH : National Institute of Occupational Safety and Health
- L’OSHA : Occupational Safety and Health Administration. “Les volutes de fumées générées par l’électrochirurgie contiennent des produits chimiques. L’OSHA recommande l’utilisation de système d’évacuation de la fumée pour réduire les risques potentiels aigus et chroniques sur la santé des patients et du personnel”.
- L’AORN : Association of peri-Operative Registered Nurses. Dans le 1994 aorn standards and recommended practices for perioperative nursing, l’association des infirmières de salle d’opération a révisé les recommandations pratiques en matière d’évacuation des fumées.
Les mesures de protection
Quelques recommandations et mesures de protection peuvent être mises en place afin de limiter les effets sur la santé des professionnels de santé. Lors d’une intervention chirurgicale, éviter le charbonnage des pointes des électrodes actives à l’aide de l’utilisation du grattoir ainsi que d’éviter des puissances de coagulation élevées. La salle d’intervention doit être soumise à une surpression et à un traitement de l’air compris entre 15 et 20 cycles par heure.
L’aspiration à la source, c’est à dire l’aspiration des fumées dès la source d’émission, à 1 ou 2 cm de celle-ci. Lors de cœliochirurgie, utiliser un dispositif connectable au trocart qui permet une filtration et une évacuation sécurisée des fumées exsuflées.
Afin de se protéger des émanations de fumée, le port des masques est conseillé. Pour une information sur les masques : ici
Pour aller plus loin
A télécharger ci-dessous un TIP très complet sur les fumées chirurgicales
Sources : Medtronic, sf2h.net, aeeibo.com, ansi.org, INRS sécurité et santé au travail, osha.gov, niosh.com.my